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REPONSE AU PCMLM A PROPOS DE SA LETTRE OUVERTE

REPONSE AU PCMLM A PROPOS DE SA LETTRE OUVERTE

mardi 8 mai 2007, par Avant Garde


Après avoir pris connaissance de vos besoins d’informations concernant la suite que nous comptions donner à nos questionnements sur la situation politique nouvelle au Népal, nous nous sommes interrogés sur les raisons qui vous ont conduit à le faire publiquement par une lettre ouverte, aux réclamations péremptoires.
Pourquoi ces injonctions politiques à répondre à des interrogations dont nous ne sommes en rien redevable à quiconque ? Et, en l’occurrence, s’agissant ici de votre première interpellation à l’endroit de notre organisation et n’ayant avec vous aucun rapport officieux, votre manière de procéder nous est apparu étrange …

En introduction de votre lettre vous affirmez que nos organisations respectives se revendiquent toute deux de la classe la plus révolutionnaire de notre époque : la classe ouvrière. Nous ne connaissons pas la base sociale de votre organisation, mais pour notre part, nous ne nous revendiquons pas simplement, nous y appartenons et agissons au regroupement de ses éléments d’avant-gardes éclairés de la mission historique qui leur incombe.

À une époque où chacun s’accorde, dans le mouvement communiste, à reconnaître l’absence d’un véritable parti ouvrier, où la plus grande confusion idéologique règne à tous propos sur notre classe (au prétexte savamment entretenu de « bouleversements dans les rapports de productions » conduisant inéluctablement à sa « disparition » ou sa « mutation ») cette nuance s’impose d’elle-même, et cela non en raison de quelques volontés d’individus de la classe dont nous sommes, mais comme la réaffirmation d’un principe fondamentale du marxisme que l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même. Aussi « dans la société de classes, chaque homme occupe une position de classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe ». (1)

Ceci étant établis, en premier lieu, nous comprenons que la principale de vos préoccupations (plus que d’obtenir des éclaircissements sur ce que nous pensons de la situation politique au Népal) est d’obtenir de nous un positionnement sur la question du « maoïsme » et cela bien que vous nous contestez le droit de nous en revendiquer.

Que la chose soit établie ainsi, soyez assuré qu’il ne nous est jamais venu à l’idée de disputer le leadership de l’ossification en un dogme figé d’une œuvre théorique que nous reconnaissons. Aucun marxiste-léniniste conséquent ne peut nier l’intérêt que cette oeuvre suscite au titre de celle d’un grand dirigeant communiste se réclamant du Marxisme-léninisme et confronté pour la première fois, dans le cadre du développement d’une expérience de la construction du socialisme (dans des conditions historiques, économiques, géographiques particulières) au révisionnisme moderne, etc.

Nous ne faisons aucun mystère de notre refus d’entrer dans les voies sans issue du dogmatisme qui ne laisse aucune place aux confrontations idéologiques, et qui conduisent tout droit aux attitudes sectaires. A contrario, rien ne vous autorise à nous dénier le droit de chercher à apprécier dans la pratique les apports théoriques de tel ou tel personnage ayant revendiqué ou se revendiquant de ce socle idéologique commun du Marxisme-léninisme, « car le fondement théorique sur lequel se guide notre pensée, c’est le marxisme-léninisme » (2).

Sur ce que nous entendons par « dissensions au sein du mouvement maoïste » (ou querelles intestines, dont vous-mêmes faites aussi état dans votre lettre ouverte) vous vous répandez assez publiquement sur le sujet (voir votre lettre au groupe drapeau rouge …) pour qu’au titre d’organisation ouvrière à l’écoute du mouvement communiste, nous nous intéressions à ces prises de positions et plus généralement sur tout les sujets intéressant la classe ouvrière et ses alliés, ici, et dans le monde.

LA QUESTION NEPALAISE

« Nous sommes des marxistes et le marxisme nous enseigne que, pour aborder un problème, il ne nous partir non des définitions abstraites, mais des faits objectifs, et déterminer au moyen de l’analyse de ces faits notre orientations, notre politique, nos méthodes. » (3) et sur la question du Népal nous pouvons affirmer, et vous devrez en convenir, que toutes les sources d’informations, tant pour juger de la conformité aux principes que pour déterminer des points de vue sur la stratégie adoptée par le Parti Communiste Maoïste du Népal, nous sont principalement fournies par les médias bourgeois et que même l’utilisation de la méthode du recoupement de ces informations ne peut suffire à établir une position éclairé.

De même, vous en conviendrais là aussi, ce n’est pas trop ce que le Parti Communiste Maoïste du Népal communique sur le sujet qui peut permettre d’asseoir définitivement une opinion. C’est donc avec beaucoup de prudence que nous continuons à observer les événements afin de ne pas sombrer dans des conclusions hâtives du genre de celles que vous nous livrez dans votre lettre sous la formule évasive de : « la révolution ‘démocratique’ n’aura donc pas lieu », formule dont nous ne savons pas trop ce qu’elle recouvre pour vous en terme de contenu idéologique (dans les conditions économiques et politiques du Népal) sinon qu’elle ne s’embarrasse pas trop de superlatif nécessaire pour la comprendre.
Nous continuerons donc à suivre avec un intérêt particulier les événements népalais et soyez sûr de notre intention de poursuivre l’analyse des événements.

Pour le reste de votre propos, sauf à vouloir vous suivre dans une façon de résonner très métaphysique, comme celle de devoir établir la différence entre guerre populaire prolongée et lutte armée ou encore de devoir expliquer des positions que vous nous attribuez comme l’affirmation que marxisme-léninisme et marxisme-léninisme maoïsme serait la même chose pour notre organisation (4), nous nous en tiendrons à l’observation suivante ; si nous trouvons touchante votre façon de faire passer à vos interlocuteurs un examen de conformité au maoïsme (mais quand même un tantinet démagogique) nous n’en demeurons pas moins stupéfait de la méthode. Notre conduite ne peut être dictée par des interpellations et ce d’où qu’elles proviennent, nos positionnements politiques ne sont et ne seront jamais fonction de l’actualité micro organique du ML, du MLM ou ML (pensée Mao Tsè-Toung). Seules nos pratiques au sein de la classe ouvrière nous sanctionnent.

Mais contrairement aux organisations qui se revendiquent du marxisme léninisme ou du marxisme léninisme pensée Mao Tsè-Tong, qui entretiennent, à différent niveau, une sorte d’hypocrisie à votre égard, nous avons toujours exprimé l’attention que nous portions aux positions du Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste. Nous avons dit aussi que certaines de ces positions nous paraissaient justes comme votre analyse sur le traité de constitution européenne ou votre analyse sur le parlementarisme bourgeois à un moment ou certaines organisations ML font les concessions les plus douteuses sur des principes idéologiques qui forment belle et bien un socle commun au marxisme contemporain, c’est à dire enrichi des rappels aux principes révolutionnaires de celui-ci et surtout de l’analyse du capitalisme arrivé au stade de l’impérialisme que fit Lénine en son temp.

En conclusion : si nous avons très bien compris que le but plus ou moins transparent de votre lettre ouverte et d’agir à ce que nous nous prononcions à propos du maoïsme et de ses représentations, nous répondons que nous n’avons pas pour habitude de disserter sur des abstractions, principalement si celles-ci doivent conduire à la division des éléments de notre classe positionnés idéologiquement, totalement ou en partie, sur des courants de pensées qui, en dernière analyse, demeurent extérieurs et totalement étranger à notre classe en général, qu’ils se réclament ou non du marxisme-léninisme ou du marxisme-léninisme maoïsme.

Nous ne pratiquerons rien qui nous conduise à une division superficielle de ces éléments avancés faisant que leur dispersion soit contribue à leur isolement en menant au découragement, soit les oblige à subir la tutelle idéologique de la petite bourgeoisie radicalisée. Bien que nous ne nions pas la nécessité de la lutte idéologique, notre propre histoire, l’histoire du mouvement communiste ML (en France pour ce que nous en connaissons le mieux) nous enseigne qu’il nous appartient désormais de choisir le terrain et les conditions dans lesquelles elle doit s’exercer.

Aucune organisation politique se référant au socle idéologique commun du marxisme léninisme ne peut aujourd’hui revendiquer l’expression politique légitime de la classe ouvrière de ce pays. Hors, les luttes de celle-ci restant le moteur de l’Histoire, nous la subissons, cette Histoire, un millions de fois plus que nous la dirigeons et cela même si les initiatives politiques comme la votre ou la nôtre, qui sont de petites choses fébriles au regard de la grande histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire, sont l’expression conséquente d’une volonté de rupture révolutionnaire d’avec l’ordre social existant.

En conséquence, ce que nous méditons et vous invitons à méditer aussi : « Si l’on veut obtenir des succès dans son travail, c’est-à-dire arriver aux résultats attendus, on dois faire en sorte que ses idées correspondent aux lois du monde extérieur objectif ; si tel n’est pas le cas, on échoue dans la pratique. Après avoir subi un échec, on en tire les leçons, on modifie ses idées de façon à les faire correspondre aux lois du monde extérieur et on peut ainsi transformer L’échec en succès . . . » (5)

Salutations communistes

AVANT-GARDE


Notes
(1) Mao Tsé-tong : « de la pratique » Œuvres choisies.
(2) Mao Tsé-tong : Allocution d’ouverture à la première session de la première assemblée populaire nationale de la république populaire de chine (15 septembre 1954)
(3) Mao Tsé-tong : intervention à la Conférence nationale du parti communiste chinois sur le travail de propagande (12 mars 1957)
(4) ce qui suppose par ailleurs, que préalablement nous ayons reconnu idéologiquement le second, car nous partageons avec le dirigeant Mao ce point de vue : « qu’il n’y a rien de plus commode au monde que l’attitude idéaliste et métaphysique, car elle permet de débiter n’importe quoi, sans tenir compte de la réalité objective et sans se soumettre au contrôle de celle-ci. . . » Mao Tsé-tong : Note sur les « documents à propos du groupe contre-révolutionnaire de hou feng » (Mai 1955).
(5)Mao Tsé-tong : « de la pratique » Œuvres choisies.




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