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Travailleurs sans papiers

Travailleurs sans papiers

Premier mai, journée de combat, de lutte et d’espoirs pour tous les prolétaires et travailleurs pauvres de la planète.

jeudi 1er mai 2008

Cette année les commémorations du premier mai en France, journée internationale des travailleurs, se préparent dans une ambiance de luttes aux dimensions politiques et économiques internationales inattendues.


En effet, l’actualité est rattrapée par l’histoire dans toutes ses dimensions sociales en raison du caractère internationale des luttes prolétariennes qui se déroulent. Le « charme » de cette journée que certain s’acharne à vouloir champêtre est rompu. Des interrogations nouvelles sont soulevées qui dérangent les plus mobilisés du mouvement réformiste dans la tradition de l’espoir de défilés unitaires, par ailleurs transformés en marches funèbres de « grande classe » de la combativité ouvrière depuis fort longtemps déjà.

L’affaire a fait grand bruit au point de mobiliser tous les médias dans l’hypocrisie habituelle. La « patrie des lumières », détentrice du brevet des « droits de l’homme », est malmenée par d’obscures révélations sociales.

Touts les intellectuels sont sur la brèche. On oubli provisoirement la grande cause « droit-de-l’hommiste » du moment et attachée au JO de pékin, la grande croisade d’anti-communisme vulgaire de toute la classe politique française qui, pour l’occasion, n’hésite pas à se faire complice de la féodalité politico-religieuse rétrogrades ; prouvant que si la notion de droit de l’homme est une notion dite « universelle » elle n’en efface pas son caractère de classe véritablement universel.

Bien entendu, les événements à traiter dans l’actualité restent savamment choisis. Ainsi, on observe que toute cette cohorte d’esprits bien pensant se montre moins éloquente quant il s’agit d’évoquer les agissements de l’impérialisme dans ses colonies pompeusement baptisées départements et territoires d’outre mer. En effet, dans la fidélité aux pratiques de politique coloniale, on vient d’emprisonner vingt-trois syndicalistes kanaks coupables de résistances sociales et ayant certainement exprimés quelques doutes sur les valeurs universelles dont la France serait porteuses. C’est qu’il est difficile, pour ces porte-plume, démocrates convaincus, gardiens des valeurs de la république bourgeoise, de rappeler qu’après cent cinquante ans de présence française en nouvelle Calédonie et vingt ans jour pour jour après le massacre d’Ouvéa, la bourgeoisie embastille encore.

Rappelons l’histoire de cette opération militaire menée par les troupes de choc de l’impérialisme français et placée sous les ordres d’une association de malfaiteurs politiques, bourgeois de droite et de gauche en cohabitation au pouvoir. Bernard Pons était ministre de droite des colonies et agissait sous les bons auspices de François Mitterrand, homme de gauche et bien à son aise sur le dossier en regard de son expérience algérienne, gardien des « valeurs de civilisation » jaurésiennes ; l’Algérie c’était la France.

Cette omerta intellectuelle, révélatrice de l’état d’esprit chauvin et de l’étroitesse d’esprit petite bourgeoise, est incontestablement à mettre à l’actif du talentueux discoureur populiste. Le premier commis de l’état impérialiste français sait faire vibrer la fibre chauvine et nationaliste, poisson de tous les peuples. Il est un grand pourvoyeur de formule populiste :
- « tant que nous aurons des femmes et des hommes pour qui le service de la France justifiera d’avance tous les sacrifices, tant que nous aurons des femmes et des hommes qui iront jusqu’à y consentir, si nécessaire, le don de leur propre vie, la Nation vivra, le pays ne mourra pas. » N. Sarkozy … et qu’il nous faut traduire :
- « tant qu’il y aura des femmes et des hommes dont les intérêts restent liés à la survie du capital, qui iront jusqu’à consentir aux pires vilénies, si nécessaire en sacrifiant l’existence des autres, alors le bourgeois continuera de se repaître de la sueur et de la misère ouvrière, le capitalisme ne mourra pas, devrait-il chaque fois renaître de ses cendres. »

Revenons à l’actualité et à l’indignation hypocrite de nos journalistes petits bourgeois. « Comment cela ! Il est des travailleurs qui ne sont pas exploités dans les conditions normales de travail digne d’un grand pays capitaliste moderne ? Qu’est-ce encore que ces pratiques féodales ? ». En effet, il s’agit bien de pratiques d’exploitations poussant à la paupérisation absolue que dénoncent quelques centaines de travailleurs sans titre de séjours, faisant preuves d’un courage exemplaire, parmi des milliers d’autres et ayant décidés de rompre avec la « loi du silence forcé » sous laquelle, dans l’indifférence quasi générale, ces ouvriers et travailleurs sont livrés à la rapacité de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie, entreprises de nettoyage, de la restauration, ou secteur du bâtiment etc.

Mais sommes-nous bien dans des pratiques féodales d’exploitation de la classe ouvrière comme toutes ces bonnes consciences semblent le penser ? La réalité du vécu sociale des classes les plus pauvres affiche parfois des vérités d’une simplicité providentielle pour les écrivains de l’idéologie bourgeoise, fabricants d’opinion générale. Ainsi ils découvrent ou feignent de découvrir que les situations aisées ou de rentes des classes sociales les plus nanties ont un coup matériel et moral à payer pour la classe des producteurs, les prolétaires et autres couches de travailleurs les plus pauvres. Le capitalisme s’enfonce irrémédiablement dans ses contradictions et aucunes des plus belles constitutions d’Etats (dont on change et modifie les articles au gré des intérêts immédiats ou lointains de la bourgeoisie) ne parvient à masquer la réalité de l’exploitation de travailleurs venus de toutes les contrés du monde. Nous les retrouvons, nos camarades, dans les réseaux d’entreprises de firmes nationales et multinationales, les arrières cours de boutiques de commerçants honnêtes, les chantiers clandestins de petits et grands patrons, les propriétés agricoles (véritables maquis d’esclavagistes), les caves ou les greniers sordides de restaurants et d’hôtels des plus belles enseignes, au service ménager de petits bourgeois, électeurs de gauche … Ils et elles s’échinent jusqu’à épuisement à produire des fortunes avec comme seul soulagement à leur souffrance physique et morale la protection sociale d’urgence et autres secours due au indigents avant l’internement administratif après usage.

En dehors des aternoiements misérables de quelques uns des plus beaux esprits sur les prétendus « appels d’air » qui risqueraient de se produire dans le cas d’une régularisation général, on est frappé par l’amnésie générale de tout ce beau linge qui occulte volontiers le pourquoi du comment ; les ouragans de misère sur la planète sont l’œuvre des nations impérialistes, de leur politique de pillage et d’assujettissement des peuples. Rappelons que le capitalisme est le marché de productions d’objets et l’assujettissement de toute une classe nourrissant toutes les autres au prix de sa propre misère. En conséquence, il n’y a pas d’autre alternative pour les tenants de ce système, possesseurs des moyens de productions et d’échanges, que de rivaliser d’influences pour arracher leur accès aux matières premières à plus bas prix, dans les plus odieuses conditions et partout sur la planète. En imposant des politiques de développement à leur seul profit, ne rétrocédant en retour que quelques deniers aux bourgeoisies locales et leurs politiciens corrompus, les pays impérialistes s’offre la soumission économique et politique des pays pauvres. Il en résulte la monté de misère aggravée qui pousse les populations laborieuses affamées aux émeutes qui sont réprimées dans le sang comme en Egypte, au Bangladesh, en Thaïlande, au Burkina-Faso, au Sénégal, en Côte d’ivoire, au Maroc, à Haïti . . .

Plus exécrable encore est ce consensus générale dissimulés derrière les beaux sentiments d’humanisme ou de justice sociale, qui court aujourd’hui du petit patron repenti au syndicaliste chauvin, du politicien de la gauche traditionnelle traînant derrière lui le dirigeant petit-bourgeois d’extrême gauche et son alter ego alter-mondialiste qui lui milite « pour un plus juste équilibre nord-sud ». Ce sont bien là des larmes de crocodiles ou de la crédulité intéressé qu’on nous expose sur le sort de ces « pauvres travailleurs » tout en reprenant sous des airs de compassion les arguments de la fatalité sur l’impossibilité de la France à absorber toute la misère du monde.

Ce qu’il faut dire est que l’économie de marché n’a pas d’autres destinées à offrir aux travailleurs. Comme Marx le démontre scientifiquement, une augmentation des situations d’aisance dans les pays capitalistes développés se conjugue nécessairement avec des aggravations des conditions de vie et de travail dans les pays économiquement attardés. Les meilleurs sentiments sur le « commerce équitable » ou le « plus juste équilibre entre pays riches et pauvres » n’apportent pas de réponses pour la classe ouvrière qui échoue sur les rives des « paradis capitalistes ». C’est une main-d’œuvre toujours meilleur marché qui accentue nécessairement l’exploitation de la classe des producteurs et des couches sociales déshéritées ici et dans les pays pauvres.

On dissimule à la classe ouvrière, à tous les travailleurs, qu’il en sera toujours ainsi sous les cieux du capitalisme parasitaire et de l’impérialisme triomphant. Gouvernances « socialiste » ou pas, perdure l’exploitation de l’homme par l’homme avec plus d’hypocrisie encore car le système de concurrence acharnée demeure la base, même dissimulée sous des formules de travestissement des réalités d’exploitation de notre classe comme « l’économie de marché socialiste » chers à la clique des dirigeants bourgeois chinois actuels. Ce système de concurrence est attachées au capitalisme comme un moteur à sa machine auquel patrons locaux petit-bourgeois, grande bourgeoisie nationale et internationale, « nouvelles » bourgeoisies des pays dits « socialistes » demeurent obligés de se livrer sans jamais cesser de l’alimenter pour assurer leur propre survie dans la classe.

Cette lutte des travailleurs sans papiers démontre que par delà l’obtention d’un titre séjour ou plus exactement d’une autorisation légale à se placer dans la concurrence sur le marche du travail ou à venir renforcer l’armée de réserve des sans-emploi, la « régularisation » totale, partiel, au cas par cas, (c’est au choix pour ceux qui aiment disserter dans les salons cossus ou sur les bancs des belles sinécures la représentation nationale) ne les soulagera pas pour autant même si cela doit être légitimement vécu comme une première victoire en appelant d’autres et pour lesquelles chaque ouvrier doit se sentir mobilisé. Ils resteront chargés de leur fardeau de misère dans les travaux les plus pénibles dans des conditions d’exploitation indignement moderne, pour reprendre l’expression consacrée du sentimentalisme droit-de-l’hommiste actuel.

Cette lutte réclame d’être passée au premier poste des revendications fondamentales de toute notre classe : « parce qu’un travailleur qui n’a pas le souci du sort de ses plus infortunés camarades ne saurait être un travailleur idéologiquement émancipé ». Mais elle oblige aussi à observer que la mobilisation de quelques beaux esprits petits bourgeois et autres apôtres du réformisme en tout genre ne vise qu’à cacher et si possible déplacé dans des contrées lointaines toute cette misère que leur bonne conscience ne saurait voir d’avantage. C’est entre la poire et le fromage qu’ils ne gâcheront pas l’occasion de se mobiliser à nouveau à la première nouvelle ignominie mise à jour et bousculant leur conscience démocrate et républicaine. Ils trouveront là matière à se mettre en branle afin de nourrir leur intellect d’hommes et de femmes épris de changement dans la continuité. Ils sont habitués à se nourrir de dissertations, à abuser de beaux mots sur les faits de société, à se mobiliser pour s’efforcer de donner au capitalisme un visage plus humain dans la continuité d’une exploitation qui leur assure leur situation de bien être.

La cause des ouvriers sans papier, avec ou sans travail légalement ou non autorisé, c’est d’abord et avant tout la cause de toute la classe ouvrière. Parce qu’elle rappel aux fondamentaux de l’internationalisme prolétarien par lequel les ouvriers n’ont pas de patrie. Parce que travailleurs au Sud, au Nord, à l’Est ou à l’Ouest du globe, notre force c’est notre unité. Parce qu’elle est d’une permanente actualité qui se déroule le plus souvent sourdement et très éloignée des campagnes de médias conjoncturellement intéressés. Parce qu’elle rappelle, en lui donnant toutes ses dimensions internationales, que l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même et qu’il y a urgence à ce qu’elle prenne en main ses propres affaires pour organiser les contres offensives nécessaires contre tout le système d’exploitation partout où il sévit, de la plus petite unité de production clandestine aux usines, chantiers, exploitations agricoles, aux plus grandes multinationales et partout dans le monde.

Prolétaires de tous les pays, unissons-nous.




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