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La gauche traditionnelle, ses avatars et la crise

La gauche traditionnelle, ses avatars et la crise

mercredi 15 avril 2009, par victor MB

Avec le recul et l’expérience, il est devenu évident que les partis traditionnels de la gauche ont été, et ce depuis leurs origines et quelques soient les courants, plus représentatifs de la petite bourgeoisie salariale que de la classe ouvrière.


Adeptes du parlementarisme et respectueux de la légalité bourgeoise, ils sont aujourd’hui de véritables institutions au service de la bourgeoisie et de sa démocratie de classe et cela même si des tentatives dites de prolétarisation furent tentées au parti « communiste », venant faire la démonstration de son caractère de classe petit bourgeois originel. Si le Parti fut certes un parti ayant une forte influence dans la classe ouvrière, il ne fut jamais, sur le plan idéologique, un parti ouvrier.

Plus que dans les périodes d’essors, les périodes de crise du capitalisme obligent les partis, dis d’opposition démocratique, à se découvrir, à montrer leur vrai visage de laquais de la bourgeoisie. Mis, pour ainsi dire, au pied du mur de leur responsabilités historiques devant des classes sociales dont les intérêts politiques qui les séparent divergent de façon plus intense, ces partis mystificateurs de la démocratie bourgeoise se découvrent dans la plénitude de leur utilité : celle d’agir au maintien des contestations du système dans les limites de l’acceptable pour la bourgeoisie et dans le respect de sa légalité.
Ce rôle est aujourd’hui bien usagé et résiste de moins en moins à la suspicion et aux désenchantements qu’il a produit durablement dans la classe ouvrière et les couches de travailleurs les plus pauvres, toujours laissés pour compte.

Le parti socialiste est divisé arbitrairement par les commentateurs spécialisés en deux ailes principales traversées par des courants. La 1er est dite sociale-démocrate réaliste, prête à tout les compromis et unissant ses courants sur le principe qu’il ne faut promettre aux citoyens lambda que ce qu’il pourra être tenu, ne reconnaissant ouvertement pas d’autre système plus viable que celui de l’économie de marché. Face à elle, les partisans d’un discours plus gauchisant dans la grande tradition du jauressisme, soutiennent l’idée de réformes dites plus en profondeur, ne cherchant en définitive qu’à arrondir les angles de dysfonctionnements sociaux trop criants. En fait, nous avons là les deux revers d’une même médaille masquant la nature véritable d’agents de la bourgeoisie de ce parti dans un « mouvement populaire » aux frontières sociales délibérément mal définies s’agissant de catégories sociales plus ou moins en souffrance et prétendument touchées de la même façon par les difficultés économiques et sociales des temps de crises.

C’est ainsi que le Parti socialiste, englué dans ses propres contradictions, a montré au parlement ses difficultés à masquer sa politique des accommodements lors de l’annonce du plan de sauvetage du secteur bancaire débarqué au parlement sous la forme d’un projet de loi de finances rectificative. Il a joué de toutes ses nuances comme d’un rideau de fumé derrière lequel était habilement dissimulé son rôle de bouée de sauvetage du système. Au moment du vote, le PS s’est offert une porte de sortie en dérobade par une simple abstention justifié par François hollande : « Pas question de s’opposer à un plan qui permet au niveau européen de sortir des premières tourmentes de la crise financière, mais pas question non plus d’approuver la politique de Nicolas Sarkozy ».
Le parti venait de donner des gages de bonne conduite à la bourgeoisie comme gérant futur du système dans le cas ou l’alternance politique s’imposerait. Dans le même temps, les députés PS siégeant à la commission des finances votaient un article clef du projet de loi dit du sauvetage des banques.

Alors social libéral ou réformiste traditionnel, tous plus ou moins porteurs des valeurs de gauche auxquelles ils se référent, tout ce personnel politique au service de la classe dominante agit à travestir la réalité d’un parti qui n’offre des perspectives qu’à des politiciens arrivistes et carriéristes, provenant des grandes écoles ou simple autodidacte, en quête de la gestion de l’état capitaliste.

Au PCF, le moral n’y est plus. C’est la confusion idéologique absolue. Voilà un parti miné par des échecs stratégiques d’alliances pour gouverner et gangréné de l’intérieur par des influences réformistes diverses, trotskistes et chauvines. Le PCF n’a jamais rompu avec le parlementarisme et la volonté de gouverner afin de présider aux destinées de la France dans le concert des nations (selon l’expression bourgeoise consacrée). Gérer le système c’est s’offrir bien des avantages pour qui sait tirer profit de sa présence dans les institutions remplies de sinécures et ce depuis la simple gestion des communes jusqu’au sommet de l’état.

Qui ? C’est par la voie du porte parole multi-groupe et député GRP à l’assemblée nationale (groupe des républicains de gauche) que les vues du PCF ont été donnée à la représentation nationale. Faire « du neuf » avec du vieux, voilà le fond des propositions.
Entre autres mesures « …Un pole financier publique et semi public devant réunir notamment, la caisse des dépôts et la banque postale, la caisse nationale de prévoyance doit être créé et chargé de soutenir l’investissement productif créateur d’emploi et servir l’intérêt général. Ce pôle pourra se renforcer avec les établissements financiers en difficultés racheté par l’état. Il aura notamment pour mission de garantir l’accès à des crédits à faibles taux pour permettre aux entreprises de développer la recherche, l’emploi et l’investissement productif… ».
Contre toute apparence, cette recette ne fait rien d’autre que de renforcer justement ce qu’elle prêtant combattre : la toute puissance du capital financier, expression de la fusion du capital bancaire et industrielle ou l’actionnariat sous l’égide de l’état n’a plus comme préoccupation que de récolter les bénéfices.

Au-delà des discours sur les besoins de justice sociales qui se doivent d’êtres honorés et enfermer lui aussi dans ses propres contradictions, le PCF ne parvient même plus à sauver les apparences d’un parti au service de la bourgeoisie. Conséquemment à ses thèses économiques fondant sa ligne politique ce parti est aujourd’hui facilement déborder sur sa gauche. Il est menacé aujourd’hui dans son rôle par le nouveau venu NPA de l’ex LCR trotskiste qui ne se distingue que dans les nuances d’un réformisme plus habilement dissimulé derrière des formules pseudo radicales.
Les recettes miracles que nous proposent le PCF font la démonstration que cette organisation est à classer, et cela depuis des lustres, comme un parti réformiste et non pas « révisionniste » comme on aime encore à le qualifier dans le sens de ses remises en causes des thèses fondamentales du marxisme, le vidant de son contenu révolutionnaire. Le PCF est bel et bien aujourd’hui un parti au service de la bourgeoisie ayant comme credo un capitalisme humanisable et moralisable pour peu que l’on s’attelle à doper « l’économie réelle » en restreignant la capacité de nuisance du « capitalisme financier » …

Il ne fait pas de doute que la crise que traverse le capitalisme international, exacerbant les antagonismes de classes et intensifiant la compétition inter impérialiste, rend plus compliquer à la bourgeoisie la tâche de masquer l’inéluctabilité de ces crises puissance plus. Dans ces conditions il est aussi de plus en plus difficile de retarder la prise de conscience d’une classe ouvrière nationale et internationale que beaucoup voudrait voir disparue, tout en se repaissant des richesses qu’elle produit, et il est de même de plus en plus compliqué d’agir à ce que ses révoltes soient river au seul cadre des luttes économiques ; l’émancipation politique de notre classe est le pire cauchemar de la bourgeoisie et ses complices de grande ou de petite envergure. « Ce que la bourgeoisie et ses laquais réformistes veulent surtout, écrivait joseph Staline, c’est enlever à la classe ouvrière la foi en ses forces, la foi dans la possibilité et la certitude de la victoire, et perpétuer ainsi l’esclavage capitaliste ».

L’histoire politique de la classe ouvrière, qui est jalonnée de péripéties de luttes et de renoncements, voit toujours renaître de nouveaux espoirs pour le droit à son existence politique autonome. C’est seulement dans les circonstances historiques particulières où les solutions d’aliénation de la classe ouvrière à l’idéologie bourgeoise s’épuisent [1] que notre classe est appelée à prendre son essor parce qu’elles nous permettent de mieux distinguer nos amis de nos ennemis. Depuis quelques décennies déjà, nous sommes entrés dans une période qui voit s’épuiser les influences d’un réformisme des plus néfastes. Produit des regroupements politiques de la classe petite bourgeoise en recherche d’émancipation organisationnelle, il fait la part belle à un prétendu renouveau idéologique new-look de la pensée sociale-démocrate.
Ainsi, le fait de ne pas observer les éléments ouvriers politiquement les plus instruits entamer des pèlerinages vers les nouvelles nec du réformisme comme le NPA ou les regroupements alter-mondialistes doit être ressenti comme un signe de la bonne santé morale de notre classe et indique que le moment est venu de tout mettre en œuvre pour procéder à leur émancipation politique et organisationnelle, pour la fondation d’un authentique parti ouvrier.

Classe contre classe nous vaincrons

Pour le GOC-ml, Jean-Charles Louvrier.




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