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R.S.A (REVENU DE LA SPOLIATION ACTIVE)

R.S.A (REVENU DE LA SPOLIATION ACTIVE)

samedi 29 août 2009, par Jean Charles Louvrier

En système capitaliste, la ronde perpétuelle des licenciements – reprises d’activités, est toujours conduite par les gestionnaires de l’état dont l’objectif est d’abaisser les coûts de main-d’œuvre. La mise en place de dispositifs sociaux spéciaux et de contrats toujours moins « protégés » répond à cette fin. Ainsi, aujourd’hui et encore plus qu’hier, dans cette situation de crise économique, de plus en plus nombreux sont ceux qui, exclus du travail, entre ou vont entrer dans ces dispositifs.


Le Revenu de Solidarité Active est l’une de ces mesures qui assurent cette mission de régulation du coût du travail au plus bas.

Nous, ouvriers, travailleurs, placés dans des conditions de plus en plus défavorables de la vente de notre force de travail, nous qui sommes maintenus dans des situations de pauvreté ou proche d’elle ; nous sommes contraints de faire passer par perte et profit toute la part de rémunération liée à l’ancienneté et qui correspond à notre savoir faire acquis, tout cela est offert sans compensation à nos nouveaux exploiteurs potentiels.

Il est clair que cette « mesure sociale » phare du gouvernement Fillon sert à jeter sur le marché de l’emploi, ou plus exactement dans la concurrence face aux actifs, une nouvelle population de travailleurs. L’assistanat de l’état sur les rémunérations apportés aux entreprises est telle que les travailleurs sont de facto placés dans le statut particulier d’être pour une part des employés de Etat capitaliste, poussant ainsi tout l’appareil de production à un degré de socialisation jamais atteint et démontrant, si il le fallait encore, la nature impérialiste du capitalisme français, mettant la prise du pouvoir ouvrier à l’ordre du jour.

Le premier souci d’un homme politique bourgeois, de droite ou de gauche, placé dans la responsabilité de la gestion des affaires du capitalisme, est de veiller à fournir aux capitalistes des hommes et des femmes qui soient en état de déployer toutes leurs facultés physiques et intellectuelles en vue de la production des richesses et à celle de leur reproduction générationnelle, et cela dans tous les espaces géographiques, nationaux et extra territoriaux.
Voila quelles sont les conditions premières, fondamentales, qui participent à fixer les minima de revenu pour les ouvriers attachés directement à la production de la plus-value qui servira à fournir la rente des nanties et les situations de confort matériel et donc d’aisance des rémunérations des autres couches sociales de la société mieux placés …

La pauvreté actuelle est le produit de la concurrence que se font les capitalistes et par conséquent celle que les travailleurs sont obligés de se faire entre eux dans la vente de leur force de travail. Voilà la situation à laquelle sont confrontés des millions de travailleurs actifs ou sans emploi. Elle est l’aboutissement de la dégradation de l’offre d’emploi qui aboutit à avoir des travailleurs pauvres désoccupés mis en réserves dans la survie et d’autres, actifs, dont la situation se rapproche des conditions de vie des premiers.

Tous ces dispositifs dits « sociaux » placent ceux et celles qui y entrent en « bénéficiaires ». Nous étions bénéficiaires du RMI, nous voilà bénéficiaire du RSA, bénéficiaire de l’APL, bénéficiaire des assédic … et de cette idée du « bénéfice d’un droit social » à celle de la charité donnée par les « cotisants » des catégories sociales les mieux loties de la société, il n’y a qu’un pas qu’on nous force à franchir par propagande constante dans la bouche des gentilles servantes et beaux valets de l’action sociale dans les mairie et les conseils généraux, cela afin de mystifier définitivement le culte d’un état providence pour les plus pauvres.

« Nouveau venu, le Revenu de solidarité Active a vocation à inverser une tendance qui conforterait les plus pauvres à la paresse… et qui ferait que l’on peut préférer percevoir les minima sociaux (le RMI principalement) plutôt que de travailler, la différence n’étant pas assez intéressante pour s’efforcer de prendre un emploi etc. ».

Cet argument nous est servit depuis plusieurs années déjà.

En plus d’être une de ces idées dominantes odieuses qui n’a d’égale que le mépris dont sont capables les plus riches, c’est avant tout un grand mensonges destiné à nous placer, travailleurs précaires, dans une culpabilisation propre à nous maintenir dans des postures dociles faces aux services d’insertions chargés de nous envoyer dans les pires travaux des entreprises les plus pourris. Mais la vérité que dissimule ce mensonge est que les milliards d’euros d’abattements fiscaux et d’aides diverses données par l’état aux responsables d’entreprises, petits et grands industriels ainsi que la myriade de petits patrons font d’eux les seuls véritables assistés d’un système tout à leur service

Si cette propagande « parvient à nous placer » moralement dans l’état du citoyen redevable, elle sert aussi, comme nous le disions, à masquer le parcourt des richesses produites, donnant au petit bourgeois le rôle d’un cotisant/contribuable financeur des droits aux plus démunis comme le montre cette intervention, très emblématique, d’une employé sur un forum …

« Les très très riches vont perdre un tout tout tout petit peu de fric pour en donner aux moins aisés qu’eux !!!! Allons bon, quelle horreur ! Ils n’ont pas réclamés de loi ni de référendum lorsque Monsieur le Président de la République leur a fait cadeau du bouclier fiscal 2007. En revanche, ce sont encore les classes dites "moyennes" qui vont trinquer. Je suis une petite fonctionnaire bientôt en retraite, je vote à gauche, je ne vis pas trop mal ; alors, si je peux aider modestement avec mes petits moyens ceux qui n’ont RIEN, je suis fière et heureuse de le faire. » [1]

Cette autre idée dominante flatte l’ego des « classes moyennes » « bienfaitrices » et c’est précisément sur ce concept que tous les dirigeants de l’extrême gauche de France construisent leur pensée politique, flatter eux-mêmes. Il est dans l’intérêt des capitalistes de cacher à la classe ouvrière son rôle premier dans la production des richesses et ce voile sur la simple vérité devient une aubaine idéologique pour catégories salariales ne produisant rien et dont le rôle sociale est purement relatif dans le temps et dans l’espace.

Ouvriers sous R.S.A et averti des supputations dont notre situation fait l’objet… nous voudrions répondre à cette internaute et aux milliers qui, comme elle, pensent faire acte de charité.

Si nous sommes touchés par tant de bons sentiments à notre égard nous ne nous sentons pas le moins du monde assisté par ce « désintéressement » car dans cette prise en charge de notre rémunération, ce sont les capitalistes de toutes envergures qui réussissent, via les finances public et tout en enfumant le monde, le tour de force de se faire suppléer dans le paiement de ce complément de salaire destiné à tout juste maintenir la tête hors de l’eau de ceux qui comme nous retrouveront chez ces mêmes capitalistes des emplois pourris, avec, cerise sur le gâteau, le chantage salarial qu’ils pourront pratiquer sur nos compagnons d’infortune dans leurs entreprises.

Cette part de plus-value en voyage dans les circuits de sa redistribution ne doit en rien son existence à la générosité des couches sociales qui se reconnaissent quelques aisances pécuniaires ; tout juste leurs portes monnaies lui serve de lieux de transit…

Seuls, nous, ouvriers/res, créons les richesses qui ont valeur d’échange et d’usage produisant une plus-value qui se distribue pour une part aux autres catégories sociales et qui se fixe dans les limites de leurs capacités à maintenir, voir à s’agrandir, la part qu’elles pensent leur revenir ; voila, grosso modo, révélée la marche de la redistribution des richesses dans le cadre de l’économie de marché. Pour nous montrer plus clair, nous dirons que ce processus qui conduit cette internaute à la béatitude n’est pas difficile à comprendre, il est :

D’un côté, je bosse ici en France à la production, mes camarades Ali, Vladimir et Li Phù quelque part ailleurs dans le monde dans des conditions de vie encore plus précaires que les miennes, recevant parfois que le minimum vital – d’un autre côté, la petite bourgeoisie salariale, placé plus ou moins idéalement quelque part sur le circuit de la redistribution de la plus-value produite, en touche sa part au titre de la simple rétribution de la vente de sa force de travail pour service rendu et lui donnant assez de satisfaction du système pour ne jamais dépasser la simple demande de réforme (même "radicales") dans les moments de fort mécontentement

Alors, si dans des circonstances économiques particulières, elle est invitée à en rendre un peu par le biais d’une fiscalité, certes injuste, c’est que les possédants, (et cela plus encore en temps de crise qu’en période de croissance) sont toujours ceux qui décident, et que de leur part des richesses, il n’est pas question d’y toucher. Il n’y a donc pas ici d’acte de générosité, Juste une forte incompréhension des rôles de chacun dans la division du travail.

Pour conclure, adresse à « nos généreux bienfaiteurs » issues de toutes les couches sociales petites bourgeoises remontées contre le pouvoir en place.
Méprisés (la prétendue générosité des autres classes en notre direction en étant une forme), dépossédés de la direction de nos luttes, nous ne reconnaissons pas vos chefs syndicaux qui se sont emparés de nos organisations de défenses économiques. Larbins du capital, ils s’empressent, au travers de propositions de réformes, de dresser le niveau de « générosité » dont vous aller devoir faire preuve et établissent le niveau de sacrifices que nous, ouvriers et travailleurs des couches sociales les plus pauvres, devront consentir par la contrainte.

Dans cette période d’offensive généralisée du pouvoir bourgeois contre l’ensemble de nos conditions de vie déjà bien sommaires, nous ne pouvons pas accepter d’être ceux qui feront plier ce pouvoir pour simplement voir progresser notre dépendance économique, faite de revendications réalistes que votre représentation politique et syndicale vont généreusement penser pour nous.

Dans la situation de crise actuelle ou petits et grands bourgeois usent de mille artifices pour faire baisser les coûts de production des marchandises, il y urgence de la riposte, mais celle-ci n’aura lieu que si nous, ouvriers, reprenons la direction de nos luttes. C’est une condition sine qua non de notre rassemblement. Notre parti de classe, regroupant nos meilleurs et plus éclairés lutteurs, doit prendre en mains toutes nos organisations de défense, parce que seul ce parti de classe à construire reste le garant de notre unité en éclairant sur la nécessité de dépasser le cadre des simples luttes de défense économique.




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