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Nouvelles Soupes théoriques sur fond de vieux fumets révisionnistes

Nouvelles Soupes théoriques sur fond de vieux fumets révisionnistes

dimanche 21 mars 2010, par Jean Charles Louvrier


Nous, Ouvriers Communistes Marxistes-léninistes, revendiquons notre attachement aux idéaux du communisme et à la nécessité de mener la lutte idéologique contre toutes les attaques à nos principes politiques. Ces élections régionales en France sont l’occasion d’interventions publiques de différents groupes pris en flagrants délits de forfaitures idéologiques. Certaines organisations communistes revendiquant leur adhésion au Marxisme-léninisme développent des thèmes représentatifs des tares politiques du mouvement communiste en France.

De l’ambiguïté à la révision …

Lu sur le site Internet de l’Union des Révolutionnaires Communistes de france.

« L’URCF ne présentera pas de liste en raison de la censure par l’argent. Nous rallier aux listes de « la gauche à gauche du PS » occulterait notre démarche révolutionnaire anticapitaliste générale et nous ferait endosser des propositions dont nous dénonçons le caractère illusoire […] Ce qui ne veut pas dire opposition de principe à des campagnes communes avec d’autres forces de progrès, mais nécessité d’y assurer l’indépendance du mouvement communiste révolutionnaire. Il faut travailler toujours plus à renforcer ce mouvement, en veillant à son unité dans l’action, ainsi et ainsi seulement les propositions et axes de luttes anticapitalistes influenceront les militants de base et électeurs du PS, du NPA et du Front de gauche, et exerceront une pression sur les appareils, enclins à des objectifs électoralistes étroits. Notre campagne est centrée sur le fond : que faut-il avancer pour s’engager à faire payer, au moyen des luttes, la crise du capitalisme par ses fauteurs ? Nos tracts, les interpellations des candidats, porteront sur des thèmes qui constitueraient des éléments de rupture immédiate avec la politique du capital :
- Abrogation de la constitution réactionnaire de la Vème République, pour une Assemblée Constituante ! - Le socialisme est la seule alternative progressiste au capitalisme !
 »

Tout d’abord, cette déclaration occulte le phénomène « d’auto-désintoxication » qu’est l’abstention qui s’enracine toujours plus dans les masses et qui est devenue dans cette campagne le cauchemar avoué de toutes les grandes formations politiques.

Ensuite, c’est sans aucune référence au rôle émancipateur de la classe ouvrière (cheville théorique centrale sur laquelle repose pratiquement tout l’édifice des thèses du marxisme et du léninisme) et à l’accouchement révolutionnaire de la nouvelle société socialiste que l’URCF cherche à donner le change en évoquant un vague besoin de l’indépendance du mouvement « communiste révolutionnaire » après avoir dit le socialisme simple alternative progressiste au capitalisme. Encore faut-il expliquer de quel mouvement « communiste révolutionnaire » il est question, tant les organisations et sectes, principalement issues des rangs de la petite bourgeoisie qui en revendiquent la dénomination, sont légions…

Après une telle analyse, on « comprend mieux » la principale revendication politique d’assemblée constituante, devant abroger la très réactionnaire constitution de la Vème république.

Une assemblée constituante … ? Bien, mais constituante de quoi ?

Et bien nécessairement de l’assemblage de la représentation politique de « tous » les corps sociaux présents dans la nation. Seulement comme aucun mouvement insurrectionnel (pas même revendiqué, ce qui aurait dû être le minimum d’une organisation qui se prétend révolutionnaire) n’est apparemment prévu afin d’inverser les rapports de force des classes, une nouvelle constitution enfantée sans douleur pour la bourgeoisie donc en lieu et en temps qu’elle aura décidée elle-même, ne pourrait servir qu’à redonner du crédit à ses institutions.

Voici « tout l’intérêt » d’un bon toilettage des institutions que réclame aussi le PCF. Ce petit ménage de printemps pourrait servir la représentation de classe de la petite bourgeoisie moderne en lui accordant de plus grandes satisfactions dans ses revendications économiques. Voila à quoi se réduit le révolutionnarisme de façade d’un bon nombre d’organisations radicales de l’extrême gauche aujourd’hui.

Depuis l’avènement de l’économie capitaliste impérialiste, la petite bourgeoisie dit des élites de la nation, connaît des bouleversements sociologiques sans précédent. Dépouillée des restes de propriétés privées qui faisaient sa spécificité économique ancienne, elle occupe aujourd’hui, dans une très large majorité, les activités du salariat les plus rémunératrices ou privilégiées socialement. Aussi, s’agissant du destin politique de cette classe sans avenir économique, l’instabilité politique chronique demeure ce qui la caractérise le mieux. La dispersion de ses représentations dans les multiples chapelles politiques du centre à l’extrême gauche en est la preuve.

Ce genre d’orientation politique nous rappelle à ce solennel avertissement : les classes moyennes disait Marx « combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classe moyenne. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices ; bien plus elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire ».

Le Pôle de Renaissance Communiste en France …

La spécificité politique du PRCF est son « attachement » à la nation. Produit de la décomposition idéologique interne du PCF, c’est avec les trois couleurs d’un drapeau largement déployées, symbole de l’avènement de la classe sociale dominante, la bourgeoisie, que ces gens ont fait leur entrée dans le cercle des organisations qui se revendiquent du Marxisme Léninisme.

Le PRCF voudrait aujourd’hui abuser la classe ouvrière et l’ensemble des couches populaires avec une camelote idéologique très réactionnaire, stigmate d’une volonté de retour aux temps anciens du développement du système capitaliste ou parts belles étaient faites aux couches sociales de la petite bourgeoisie, au temps « béni des nationalisations » … Rien ne naît de rien dit la maxime, et comme pour devenir faussaire il faut savoir puiser dans l’expérience de ses aînés, c’est dans un fascicule de l’école élémentaire du PCF de 1959 [1] que l’on peut retrouver une trace de ce bagage théorique dont s’est emparé le PRCF.

Concernant ce qui était appelé à l’époque le « problème algérien » :

« Par ailleurs beaucoup d’intellectuels algériens ont été formés dans les universités françaises ; ils sont attachés à notre culture et écrivent souvent leurs œuvres en Français. Il serait donc possible d’espérer dans une Algérie indépendante, aux cotés de l’arabe qui aurait reconquis sa juste place dans l’enseignement et la culture nationale, le français bénéficierait d’une postions privilégiée… »

En cette période de crise économique intense de l’impérialisme mondiale, cet examen des positions chauvines prend une importance particulière ; En effet, l’histoire enseigne que ces moments d’histoire des crises voient s’accroître les replis identitaires réactionnaires et laissent prise aux pires sentiments xénophobes. Rien ne doit être négligé dans nos combats contre toutes attitudes chauvines et xénophobes qui rendraient compliquées l’unification indispensable de notre classe par delà tous les particularismes nationaux.

Dans la campagne pour ces élections régionales, dans la prose sociale chauvine à laquelle la mouvance souverainiste de gauche et d’extrême gauche s’adonne avec facilité, nous avons tiré comme un cas d’espèce cet extrait d’un tract central du PRCF :

« Besancenot « l’anticapitaliste » est pour la « construction européenne » capitaliste ; c’est pourquoi il est contre le mot d’ordre Produire en France et pour le libre échange faisant cadeau du terrain de la nation au FN. Pourtant nous n’oublions pas au PRCF que la classe ouvrière et ses alliés ont été forts, à l’époque du grand PCF, du Front populaire à la Résistance, en alliant le drapeau national au drapeau international des travailleurs… »

Voler au secours du NPA et de sa tête d’affiche Olivier Besancenot n’est certainement pas un objectif … Nous avons démontré à plusieurs reprises le caractère profondément réformiste, participant à la sauvegarde du système, de ce rassemblement, et donc de son caractère contre-révolutionnaire.

Ce qui est important, c’est de démontrer le caractère anti marxiste et anti léniniste de ces arguments qui caractérisent politiquement cette organisation. Remarquons d’abord, sur la forme, le peu de prudence avec laquelle le PRCF avoue disputer au Front National le leadership de la défense de la nation… cela se passe de commentaire.

« Produire français »
« Réponse » de Marx :
- « Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. » [2]

Manque de chance, voila nos idéologues du PRCF classés par « Marx lui-même » dans le camp de la réaction.

« Partisan du libre échange »
« Réponse » de Marx : « Ne croyez pas, messieurs, qu’en faisant la critique de la liberté commerciale nous ayons l’intention de défendre le système protectionniste. […] Mais en général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange ». [3]

Encore « pris par Marx » en flagrant délit d’activités contre révolutionnaires. Mais de ce point de vue, Ils ne sont pas les seuls, le chauvinisme économique, apparat de l’aristocratie ouvrière, syndicale, des nations impérialistes, atteint aujourd’hui des sommets d’engagement dans la collaboration de classe …

Alliance « bénéfique » du drapeau tricolore et du drapeau international des travailleurs ?
Laissons d’abord Engels répondre : « Il y a vingt et un ans aujourd’hui, le peuple de Paris brandit le drapeau rouge et déclara la guerre à la fois au drapeau tricolore français flottant à Versailles et au drapeau tricolore allemand, hissé sur les forts occupés par les Prussiens. Avec ce drapeau rouge, le prolétariat de Paris se dressait à une hauteur surplombant de loin les vainqueurs aussi bien que les vaincus. Ce qui fait la grandeur historique de la Commune, c’est son caractère éminemment international, c’est le défi qu’elle lança hardiment à tout sentiment de chauvinisme bourgeois. Le prolétariat de tous les pays ne s’y est pas trompé. Que les bourgeois célèbrent leur 14 juillet où 21 Septembre, la fête du prolétariat sera toujours le 18 Mars. » [4]

Et Lénine de rajouter : « La reconnaissance verbale de L’internationalisme, auquel on substitue en fait, dans toute la propagande, l’agitation et l’activité pratique, le nationalisme et le pacifisme petit bourgeois, n’est pas seulement le fait constant des partis de la II internationale, mais aussi de ceux qui en sont sortis, et même assez souvent de ceux qui s’intitulent maintenant communiste.[…] Le nationalisme petit bourgeois restreint l’internationalisme à la seule reconnaissance de l’égalité des nations et (sans parler du caractère purement verbal de cette reconnaissance) laisse intact l’égoïsme nationale, cependant que l’internationalisme prolétarien exige la subordination des intérêts de la lutte prolétarienne dans un pays aux intérêts de cette lutte à l’échelle internationale » [5]

Flagrant délit toujours, de souillure sur notre drapeau, de duperie concernant ce sentiment le plus noble de notre classe, l’internationalisme prolétarien.

Cette période de grande crise économique du système capitaliste impérialiste mondiale surgit dans un moment d’histoire où l’effondrement des tentatives de construction du socialisme dans le monde a laissé la place à de forts désarrois idéologiques. Plus que jamais, la classe ouvrière, ses éléments à l’avant garde des luttes, doivent se montrer vigilants face aux tentatives de les détourner de leur véritable travail … En tout premier lieu, la création d’une authentique organisation de représentation de la classe ouvrière devant la guider dans son assaut final contre toutes les citadelles de la bourgeoisie, pour l’instauration du socialisme, faire passer à trépas l’exploitation de l’homme par l’homme.


[1] N°2 de Novembre 1959 intitulé : La nation et le rôle national de la classe ouvrière

[2] Marx Friedrich Engels : Manifeste du parti communiste

[3] Discours prononcé devant l’Association démocratique de Bruxelles, le 7 janvier 1848.

[4] Friedrich Engels : A l’adresse des ouvriers français en l’honneur du 21° anniversaire de la Commune de Paris

[5] Lénine : Première ébauche des thèses sur les questions nationale et coloniale (Juin 1920)




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