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Réforme des retraites, quel bilan ?

Réforme des retraites, quel bilan ?

mercredi 16 mars 2011, par Avant Garde


Alors que Bernard Thibault boudait les vœux du président dans une humeur « égale à celle de Judas », c’est à la classe ouvrière et aux travailleurs les plus pauvres qu’il appartient maintenant de boire jusqu’à la lie les déconvenues qui ont suivi l’adoption de la réforme des retraites.

Ayant longtemps fait défaut dans les débats, le contenu de la revendication pour l’accès à une retraite décente pour toutes et tous est passé pour perte et profit d’une mobilisation tout azimut où la représentation syndicale des couches sociales petites bourgeoises, en situation de domination idéologique dans les syndicats, s’est taillée la part du lion sans rien gagner en retour.

Ainsi, c’est par centaines de milliers de protestataires du week-end que cette fraction du salariat a réussi à orienter, par sa présence massive et en même temps qu’elle façonnait les modalités d’action (1), le contenu de la revendication, afin d’exiger le retour à un système de calcul qui du point de vue du tenir compte des réalités économiques et de leur projection de carrière se montrait pour eux le plus satisfaisant.

Conscientes ou idéologiquement aveuglées que pour l’immense majorité, ouvriers à l’origine de toutes les richesses, travailleurs pauvres, femmes, jeunesses populaires, vivant toutes sortes d’exclusions, le compte n’y était déjà plus depuis des lustres, ces couches ont refusé de voir que c’est par centaines de milliers que se recensent ceux et celles, en activité ou sans emploi, qui vont se voir proposer des mensualités de départ en retraite en dessous ou à la limite des minima sociaux et ce quelque aurait été l’issue même du « mouvement ».

Cette lutte a été entreprise dans le plus pur esprit de la collaboration de classe au sein d’un vieux pays impérialiste. Elle aura permis de montrer une fois de plus la nature profondément réformiste des forces politiques et syndicales en présence ; affichant par la même occasion la composition sociale d’un public de travailleurs idéologiquement sous influence.

Faisant exception, on a pu voir quelques îlots de résistance ouvrière, venus se joindre aux protestations mais toujours avec des revendications d’entreprises sous les banderoles. Malgré la bonne volonté, on a vu là, pas toujours mais souvent, l’action d’une représentation syndicale de base réduite à un certain nombre de militants « lutte de classe » séduits par les discours affectés et sclérosés de la gauche de la gauche ou ceux des groupes pseudo révolutionnaires, certains dissimulant leur résignation en se prosternant derrière ce qu’ils nomment volontiers « spontanéité et désir des masses », « volonté du peuple »…

Il ne faut pas si méprendre, malgré le caractère « péremptoire » des déclarations des dirigeants syndicaux et de leurs complices déguisés en « va-t-en guerre de classe », n’hésitant pas à brandir la menace du recours à la grève générale, tout ce petit monde ne s’est fait peur qu’à lui-même.

La nature et la méthodologie des actions entreprises, litanies des journées d’actions, blocages dits « stratégiques »(2), dissimulaient difficilement le renoncement à réellement mobiliser, par crainte de perdre le contrôle de la seule force capable de faire poser un genou à terre à ce gouvernement représentant du capital, c’est à dire la classe ouvrière et les couches de travailleurs vivant toutes sortes d’exclusions, menaçant de faire éclater une haine par trop longtemps contenu envers un système qui les écrase.

Derrière les banderoles syndicales, nous avons encore entendu la défense des acquis et l’organisation politique ancienne manière (3), prenant la forme d’un statut quo mystifiant idéologiquement le temps où « l’État providence » du système économique impérialiste voulait encore matériellement se donner les moyens de la « corruption » politique.

Il faut poser une fois pour toute qu’avec la défense de ce statu quo, en fin de course, c’est le renoncement à en finir vraiment avec le capitalisme qui s’assoit dans la durée. Que cela soit porté sans détour par l’opposition classique de la gauche institutionnaliste, fabriquant de programme de gouvernement de rechange, ou derrière de prétendues stratégies révolutionnaires de reconquête idéologique des masses, cela ne change rien à l’affaire, c’est l’action révolutionnaire qui est sacrifiée sur l’hôtel du réformisme et des programmes de « transition » comme nous le dénonçons dans notre programme politique.

La moralité politique de cette histoire, s’il en fallait une, est que dans les conditions de soumission totale à des intérêts n’étant pas les leurs, la classe ouvrière et toutes les couches de travailleurs les plus pauvres, exclus survivant dans les minima de misère, continuent de poser un véritable casse tête, par leur absence reposant sur une méfiance justifier, aux politiciens bourgeois au pouvoir et autres prétendants de gauche à y accéder jusqu’aux appareils syndicaux de collaboration de classe. Quand et comment cette colère qu’ils pensaient pouvoir vidanger en la faisant passer par les goulots d’étranglement que sont devenues les modes d’actions syndicalement en vogue et autres promesses d’alternances politiques, va immanquablement se libérer ?

Pour sa part, le groupe des ouvriers communistes travaille à cette revanche des plus humbles pour construire les victoires nécessaires à l’amélioration des conditions de vie de notre classe et des travailleurs les plus pauvres, préparant les conditions de la prise du pouvoir ouvrier pour les fixer dans la durée.


1 Dans le genre « je proteste sans rien perdre et en veillant à ne créer qu’une gêne relative à l’activité économique du pays ». 2 Ronds-points de circulation dans les zones industrielles. 3 Fatras des réflexions sur la « ré-industrialisation », préférence nationale des productions ou encore défense des « services publics » etc.




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