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L'indignation petite bourgeoise plie bagage, mais la lutte des classes continue …

L’indignation petite bourgeoise plie bagage, mais la lutte des classes continue …

jeudi 3 novembre 2011


Parti d’Europe hier, c’est aux Etats-Unis aujourd’hui que de façon très symbolique le mouvement des indignés tire ses « dernières » salves protestataires en occupant des quartiers d’affaires notamment à Houston, Boston (devant la FED, banque centrale américaine) Chicago, Philadelphie, San Francisco, et New York, avec la marche des « indignés de Wall Street ».
Il y a peu de temps, c’était « officiel » à Madrid, la jeunesse « indignée » de la place Puerta del Sol pliait bagage. Elle mit « fin » du même coup aux espoirs d’autres fractions de la « jeunesse » européenne qui pensaient pouvoir imiter le mouvement de protestation et lui donner une ampleur au moins égale mais sans autant d’éclats populaires et médiatiques.

A cela une raison essentielle, si en Espagne les résultats des élections ont joué moralement contre le mouvement en donnant la victoire à la droite, en France, par exemple, incitant à la retenue, l’horizon d’un futur meilleur à gagner pour toute la représentation petite bourgeoise reste à vivre avec les élections présidentielles et législatives de 2012. De même en Italie c’est par voie référendaire, considérée par la grande majorité des indignés comme le nec plus ultra des formes d’expressions de la « démocratie », que satisfaction, pour partie, a été donnée aux revendications réformistes, permettant d’espérer de nouveau du système démocratique bourgeois, et ce jusque nouvelle déconvenue.

Ainsi de manière générale, quand l’idéal politique petit bourgeois de nature profondément réformiste mène la danse des mouvements de protestation ou de « rébellions » populaires, les illusions démocratiques de la revendication d’un état au dessus des classes remplissent les cahiers de doléances et rythment l’ampleur des mobilisations (qu’elles soient construites d’actions radicales ou symboliques) qui ne sont jamais des remises en cause de l’ordre établi ; le mot d’ordre central du mouvement de mai en Espagne "Une vraie démocratie, maintenant" repri partout en Europe en est la parfaite illustration.

En Espagne comme partout en Europe, il y a plus que légitimité à lutter contre les politiques d’austérités imposées à l’ensemble du monde du travail par les politiciens bourgeois de droite et de gauche qui alternent leur présence au pouvoir pour le plus grand profit des magnats de la finance, et cela tant en périodes de prospérité économiques qu’en périodes de crises dites structurelles ou systémiques.

Cela dit, si en système capitaliste si il y a toujours légitimité à lutter, jamais ces luttes ne peuvent s’émanciper de leur contenu de classe. En effet, c’est une chose au contenu idéologique différent que de réclamer une plus forte présence de l’état pour le maintien des services « publics », quelques que soient les meilleurs motivations, que d’agir légitimement à la conservation et à l’amélioration des statuts sociaux des agents sans autres considérations. Ce à quoi on peut aussi ajouter les conséquences idéologiques qu’entraine la revendication dans les luttes sociales, par exemple :
- une augmentation générale hiérarchisée des salaires, en lieu et place d’une augmentation uniforme pour tous ;
- le retour au 37 ½ annuités contre, la retraite à 55 ans avec un minimum décent etc.
- la sécurité sociale professionnelle contre, l’interdiction de tous les licenciements qu’ils soient boursiers ou pas, etc.

Et plus fondamentalement, c’est une chose toute aussi différente que de réclamer plus de démocratie participative des travailleurs, les faisant participer à leur propre exploitation, à la place de les appeler à prendre en main leur destin politique, social et économique ; parce qu’entre démocratie bourgeoise et démocratie prolétarienne il n’y a pas de troisième voie pour conduire à l’éradication du système d’exploitation de l’homme par l’homme.

Coincés entre l’envie d’exprimer la colère et idéologiquement soumis à l’anti communisme qui agit comme un poison, semant le pessimisme et neutralisant la volonté d’en découdre des plus larges masses, les mouvements de protestations d’une jeunesse sous influence idéologique petite bourgeoise en Europe « vidangent » les révoltes accumulées des jeunesses populaires dans des actions aux contenus revendicatifs qui ne dépassent jamais le simple besoin de réforme du système.

Leurs méthodes de protestation légalistes comme l’expression du comment « lutter » autrement qu’en paralysant l’économie, sans finalement rien bouleverser dans l’ordre établi, agissent comme autant de soupapes de sécurité libérant un trop plein de colère, faisant retomber les tensions sociales à un niveau acceptable pour la bourgeoisie. Autre conséquence, cela permet de redorer le blason de la « démocratie » bourgeoise car il n’y a pas nécessité à recourir à la répression de masse aveugle.

« Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir », était la formule phare du mouvement porté par la jeunesse des classes sociales petites bourgeoises espagnoles, qui recevait en écho les soutiens d’autres fractions de la jeunesse active des grandes villes des pays de la puissance impérialiste européenne ; tous, ils oublient que pour concrétiser ces rêves de bien être social sous les « bons auspices » de l’impérialisme, encore faut-il accepter de fermer les yeux sur le fait que les peuples que celui-ci domine doivent vivre, en contrepartie, de véritables cauchemars sociaux, soutenus d’expéditions militaires pour le plus grand profit de l’impérialisme international .

Commentant les événements de la place Puerta del Sol à Madrid, représentatif de la pensée petite bourgeoise qui préside à la destinée, de façon quasi hégémonique, des mouvements sociaux de protestations partout en Europe, un professeur de l’université de Barcelone s’exprimait ainsi : « Leur plate-forme réclame une modification de la loi électorale, accusée de ne pas donner de place aux petits partis, la « transparence » des instances politiques et économiques, la participation des citoyens à la vie politique. « Il est important que cette indignation soit canalisée à travers des projets coordonnés ».

En opposition à ce qui est affirmé ici et pour mettre fin à ce qu’il faut bien appeler une entreprise de dupe, partout où les « indignés » lèvent le camp dans le provisoire, rien de ce qu’ils ont entrepris n’est à refaire ni à prolonger différemment. Depuis des décennies les représentations de gauche et d’extrème-gauche radicalisée des couches petites bourgeoises du salariat des pays capitalistes développés jouent à plein leur rôle de mouches du coche. Aussi, s’agissant de la volonté de certains d’entre eux à s’émanciper de la représentation politique traditionnelle dite bipolaire, elle n’est qu’un nouvel avatar de la pensée social-démocrate pour un même office, cherchant dans le cas présent à désamorcer un mouvement de révolte dans la jeunesse des quartiers populaires qui s’annonçait des plus tendues.

Le drame de toute cette jeunesse, bercée aux illusions du réformisme, est qu’idéologiquement soumise à l’idée qu’il n’y a pas d’autre avenir possible que dans le cadre de l’économie de marché, elle ne peut guère envisager de porte de sortie à la crise qu’en empruntant aux idées des fossoyeurs de ces luttes. Partis politiques de gauche et d’extrême-gauche, syndicats confondus, encadrent les luttes de travailleurs dans un légalisme qui n’est plus depuis des lustres celui de la « simple » collaboration de classes, supposant la présence du prolétariat dans ces regroupements, mais celui de la complète adhésion morale et matérielle à l’idéologie dominante.

A l’extrême gauche, l’idée qui fait recette, sous des apparences de fausses vérités, pour expliquer le repli, est qu’il ne fallait pas partir du principe que le mouvement puisse être laissé à lui-même sans programme clair, sans sa propre direction et que continuer dans cette attitude aurait été adopter la perspective du désespoir.

En dehors de sonner comme un aveu de l’intelligentsia petite bourgeoise à se reconnaître chez les siens, ce qui n’est pas dit est que ce mouvement ne pouvait qu’apparaître mort-né, malgré ses perpétuels rebondissements, du fait d’être justement conduit par une fraction de ces représentations incapables d’imaginer un avenir politique autre que dans le cadre des institutions bourgeoises ; la participation réclamée des jeunes, venus des quartiers populaires, aux revendications sociales spécifiques ne devant servir que de marche-pied pour donner plus de résonance aux contenus de leur protestation centralement motivée par un vouloir mieux vivre la « démocratie ».

Ainsi partout où l’idéologie petite bourgeoise exprime le mal de vivre de sa classe, apparaît sur ses drapeaux « que vive la nouvelle étape de la « démocratie véritable » qui n’a de vérité que celle que rendent légitimes ses propres ambitions politiques, économiques et sociales, sans véritablement rien changé au système.

Pour vaincre à Athènes - Madrid - Paris - Rome - Berlin - Tunis - Caracas - Chicago - Pékin - Moscou - Damas - Tel-Aviv, etc… une seule voie, pour les couches petites bourgeoises soumises aux pressions sociales du Capital, se placer partout sous la direction politique organisationnelle d’authentiques partis ouvriers, avant-gardes de la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout, la classe ouvrière. De même pour les mouvements de jeunesse décidés à en découdre et à participer à l’œuvre émancipatrice générale des classes laborieuses, il leur faut s’inscrire maintenant dans la démarche politique de se mettre à la disposition des organisations communistes révolutionnaires de la jeunesse ouvrière ce qui met en urgence la naissance de celles-ci. Dès lors les occupations de places publiques comme mode d’action ne prendront plus l’allure de camps retranchés et de perpétuels derniers pré-carrés où pleurnicheries et grincements de dents de ceux pour qui mieux être dans la société rime nécessairement avec réussite personnelle, seront remplacés par la volonté d’en finir véritablement avec un système appelé à toujours générer de la misère et des « indignés » de celle-ci.




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