La question du logement et les communistes.

jeudi 19 avril 2007, par victor MB

La question du logement est révélatrice des contradictions de classe. C’est même une des questions qui permet aux communistes de se distinguer vraiment de toutes les cliques politiques de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie, même « radicalisé ».

Car aujourd’hui, l’employé modèle et le cadre est contraint de postuler à l’attribution des « abris » empilés que naguère on présentait à l’ouvrier. Pour l’occasion, on repeint, on rénove, on reconstruit même parfois tout en chassant les populations désormais non désirables.
Le quartier bagatelle à Toulouse, les projets Nancy-Boudonville ou Le Quai MOLITOR à Nancy, le GPV (Grand Projet de Ville) du quartier de La Duchère à Lyon entre autre nombreux exemples, sont au coeur de projets de bailleurs sociaux et de leur partenaires publique, et tente de séduire une nouvelle clientèle. Ci-dessous, un extrait d’une enquête sur les nouvelles répartitions urbaines par le journal économique Challenges, concernant la ville de Lyon et le quartier de La Duchére, cité plus haut. Lyon.

« A l’ouest, les beaux quartiers et les villas de luxe. A l’est, la banlieue populaire, ses logements sociaux et ses lotissements. Voilà une réalité qui tend à s’estomper sous l’effet du développement de l’agglomération et de la flambée des prix en centre-ville. « Lyon n’échappe pas au phénomène classique de l’escargot qui voit les villes de la périphérie prendre progressivement de la valeur » , note le réseau Laforêt Immobilier dans une récente étude. Une partie des candidats à la propriété, les primo-accédants mais aussi les investisseurs, n’ont d’autre choix que de se diriger vers l’extérieur de Lyon. Là, les prix sont inférieurs de 20 à 30 % à ceux du centre-ville. Le phénomène est surtout valable pour le nord-est, l’est et le sud de l’agglomération, jadis secteurs ouvriers, qui voient arriver une population de jeunes couples et professions intermédiaires. Du coup, de l’autre côté du périphérique, les prix commencent à flamber."

La Duchère
"Le quartier de la Duchère, avec ses barres HLM, est en train de changer de visage. Classé en grand projet de ville (GPV), il voit ses tours tomber les unes après les autres. D’ici deux ans et demi, elles seront remplacées par des petits ensembles de grande qualité totalisant 1 036 nouveaux logements, qui devraient être proposés entre 2 000 et 3 500 euros le m2. Le pari : faciliter la mixité sociale en attirant professions intermédiaires et cadres sup. Sur ce plateau à la vue imprenable sur la Saône, les équipements publics, le plan de circulation et le centre seront totalement repensés. Le prix des propriétés a déjà fait un bond de 20 % en un an. »
http://www.challenges.fr/france/chall_21308.html

Qui connaît un peu La Duchère, ne reconnaîtra pas là le quartier HLM lyonnais ou s’entassait la classe ouvrière de toute nationalité et jadis des rapatriés d’Algérie bien encombrants.

En vérité, malgré des combats juste et important pour des améliorations immédiates, dans lesquels nous devons prendre notre part d’action, répétons que seul le socialisme pourra résoudre complètement cette question. Engels à écrit là-dessus, une oeuvre de référence, et sans contraindre à une longue lecture pourtant très éclairante, voilà la synthèse parfaite que l’on peut trouver au milieu de l’ouvrage écrit dans des circonstances similaires, à savoir un intérêt naissant (ou renaissant) pour la question du logement de la part de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie.

« D’où provient la crise du logement ? Comment est-elle née ? En bon bourgeois M. Sax(1) ne peut savoir qu’elle est nécessairement produite par la forme bourgeoise de la société : une société ne peut exister sans crise du logement lorsque la grande masse des travailleurs ne dispose exclusivement que de son salaire, c’est-à-dire da la somme des moyens indispensables à sa subsistance et à sa reproduction ; lorsque sans cesse de nouvelles améliorations mécaniques, etc., retirent leur travail à des masses d’ouvriers ; lorsque des crises industrielles violentes et cycliques déterminent, d’une part, l’existence d’une forte armée de réserve de chômeurs et, d’autre part, jette momentanément à la rua la grande masse des travailleurs ; lorsque ceux-ci sont entassés dans les grandes villes et cela à un rythme plus rapide que celui de la construction des logements dans les circonstances actuelles et qua pour les plus ignobles taudis il se trouve toujours des locataires ; lorsqu’ enfin, le propriétaire d’une maison, en sa qualité de capitaliste, a non seulement le droit mais aussi dans une certaine mesure ; grâce à la concurrence, le devoir de tirer de sa maison, sans scrupules, les loyers les plus élevés. Dans une telle société, la crise du logement n’est pas un hasard, c’est une institution nécessaire ; elle ne peut être éliminée ainsi que ses répercussions sur la santé, etc., que si l’ordre social tout entier dont elle découle est transformé de fond en comble. Mais le socialisme bourgeois ne peut se permettre de le savoir. Il ne peut expliquer la crise du logement par les circonstances. II n’a donc pas d’autre moyen pour l’expliquer que de recourir aux considérations morales sur la méchanceté des hommes, en quelque sorte au péché originel. »
F. Engels : La question du logement

Victor MB

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(1) Emil Sax (1845-1927) : économiste bourgeois autrichien. Auteur de Les conditions d’habitation des classes laborieuses et leur réforme, Vienne 1869.