Accueil du site > INTERNATIONALE > Union pour la méditerranée

Union pour la méditerranée

Union pour la méditerranée

Union pour de nouvelles aventures impérialistes.

mercredi 15 avril 2009, par Jean Charles Louvrier

Voici venu le temps de la redistribution des cartes, de nouveaux partages des richesses de la planète imposés par les changements de rapports de forces inter impérialistes.


Le nouveau tzar Poutine tente d’agir à la renaissance de l’empire grand russe et fait le ménage des velléités d’indépendance de certaines ex-républiques de l’union soviétique (Géorgie, Tchétchénie etc…). Ces poussée séparatistes sont menées par une nouvelle bourgeoisie dirigeante souvent formée dans les universités européennes ou américaines et sont le produit de la dégénérescence politique et économique d’un système qui n’avait plus de socialiste que le nom. Tous ces petits soldats bien utiles travaillent au dépècement de l’ancienne puissance « soviétique ». C’est l’encerclement économique et militaire de la Russie qui se joue aujourd’hui sur fond de discours à l’attachement au « droit international », à la « démocratie » et « d’amitiés entre les peuples » etc. Mais l’attachement de ces bourgeoisies se porte surtout pour les fonds d’aides « désintéressés » apportés par les Etats-Unis et l’Europe dont l’état français, un des principaux chefs de file, se prend à rêver du renouveau de ses politiques d’assujettissement des peuples et de politique de rapine.

L’impérialisme Européen, les envies expansionnistes tournées vers la méditerranée ne rebutent plus aujourd’hui et sont transcendées par la crise et les besoins de lutter contre la concurrence de son grand rival américain frappé au cœur de son système. L’ambition américaine est de se tailler une part plus grande du gâteau dans les richesses de cette partie du monde même si cela augmente le niveau des tensions internationales du à la révision dans la douleur de la carte mondiale des zones d’influence.

La déclaration en grande pompe et à grand renfort de publicité de le naissance de l’Union pour la Méditerrané suite à une longue gestation a pour objectif la mise en œuvre rapide du volet économique et financier qui vise à la mise en place d’une zone de libre échange [1] . Cela indique que les lignes ont bougé dans les rapports de force au sein de l’union européenne et cela au point que la France peut envisager son retour en 2009 au commandement militaire intégré de l’OTAN plaidé par N. Sarkosy qui donne deux préalables : « … une avancée dans le domaine de l’Europe de la défense, et l’engagement qu’une place serait faite dans les instances de direction, au plus haut niveau, pour des représentants de la France ». New York Times, septembre 2008.

Rien de « mieux » que la parole d’un banquier pour comprendre les visées expansionnistes de la puissance européenne. Dans une interview accordée par le vice-président de la Banque Européenne d’Investissement à un média tunisien, un léger voile est levé sur la nature véritable de la crise du système et des contradictions fondamentales qu’elle engendre [2]. « Ce ne sont pas les Européens qui sont les premiers bénéficiaires de la Chine ou de l’Inde alors que les premiers bénéficiaires et de très loin du développement économique du Maghreb et de la Méditerranée, de façon générale ce sont les Européens […] En Méditerranée, les secteurs financiers et banquiers ont été moins touchés que les secteurs financiers et bancaires américains dont les produits sont plus sophistiqués. Pour l’instant, nous souffrons moins que les banques américaines. Le risque pour la Méditerranée est moins dans la crise financière que dans l’éventuelle récession de l’économie réelle ».

A une question portant sur les déséquilibres des investissements du capitalisme impérialiste Européen entre les pays du Maghreb, le banquier répondait sans langue de bois montrant ainsi la véritable nature des ambitions économiques et politiques des états capitalistes impérialistes européens :

« Il ne m’appartient pas de juger si le fait d’investir en Turquie beaucoup plus que dans les pays du Maghreb est juste ou pas. Moi je suis le banquier qui met en œuvre les instructions politiques de l’Union européenne. Le mandat que nous avons reçu soutenir l’investissement dans les neuf pays du Sud de la Méditerranée, c’est de passer de 2007 à 2013 à un niveau de financement qui varie entre 1,6 milliards d’euros à plus de 2 milliards d’euros par an. C’est un mandat politique qui nous a été donné et qui sera réexaminé en 2010 par l’Union européenne. »

Ainsi, la crise financière accélère les processus d’aller-retour entre tractations et nouvelles ententes sur fond de rapports de force mouvant entre la France et l’Allemagne, les deux puissances économiques impérialistes majeures de l’Europe économique. Cet état de fait donne des ailes au projet d’« Union pour la Méditerranée ». A ce jour tous ses protagonistes veulent passer par une révision du Processus de Barcelone, bousculant ainsi les blocages assis sur une multitude d’appétits à satisfaire et donc quitte à conférer une certaine prééminence aux Etats européens riverains de la Méditerranée (France, Italie, Espagne). Tel était le but de l’initiative de l’appel de Rome lancé par N. Sarkozy, Romano Prodi et José Louis Zapatero en décembre 2007. Avec l’union pour la méditerranée, les pays impérialistes européens pensent être aujourd’hui en mesure d’avancer leur pions en direction des pays bordant les autres rives de la méditerrané. La concurrence de l’initiative américaine datant du « Grand Moyen-Orient » voit venir d’un mauvais œil la présence de plus en plus remarquée au Moyen-Orient et en Afrique de concurrents aussi sérieux que la Russie « impériale » de Poutine ou de la Chine, toute acquise à l’économie de marché sous vocable socialiste, dévoreuse de matières premières et en recherche de placements pour ses capitaux. Une fois de plus, la démonstration est faite que la loi de la concurrence reste la loi du développement de l’Etat capitaliste et que s’il étend ses compétences par delà ses frontières nationales « naturelles », il n’en demeure pas moins que ce sont les multinationales qui décident des politiques mises en œuvres, car l’état capitaliste c’est l’état des capitalistes.

Qui veut la paix prépare la guerre ! Beaucoup de spécialistes en tout genre se sont étonnés d’avoir entendu le président français développer des idées dites « à gauche » lors de son discours à Toulon, entonnant le chant de l’état interventionniste, allant même jusqu’à chasser sur les terres de la représentation bigarrée de l’idée de la « nouvelle redistribution des richesses » [3]. C’est que l’homme est averti de l’histoire de sa classe. Il sait que la concorde nationale, sans laquelle l’impérialisme français et européen ne peut livrer bataille sur tous les fronts, suppose la satisfaction, somme toute provisoire, de revendications de justice économique directement adressées à la petite bourgeoisie des secteurs du privé qui tremble autant de peur de tout perdre que d’une révolution prolétarienne à venir.

Avec l’Union pour la méditerranée, c’est l’économie de guerre qui se construit ou la puissance militaire et les budgets qui lui sont consacrés suivent les mouvements de concentration capitaliste. Aux budgets nationaux consacrés à la défense de chaque pays se substitue celui de l’union impérialiste Européenne. Alors s’affichent sans retenues les sentiments de nostalgie coloniale nauséabonde exprimés par la bouche même du président français en responsabilité politique provisoire de l’union européenne impérialiste. La culture attachée aux valeurs bourgeoises d’une nation s’efface peu à peu devant celle de tout un continent :

« Dans Toulon, vieille ville provençale tournée vers la mer, je suis venu dire aux Français que leur avenir se joue ici, en Méditerranée… Il faut dire les choses comme elles sont : en tournant le dos à la Méditerranée, l’Europe et la France ont cru tourner le dos au passé. Elles ont en fait tourné le dos à leur avenir. Car l’avenir de l’Europe est au sud. Le rêve européen a besoin d’un rêve méditerranéen. Il s’est rétréci quand s’est brisé le rêve qui jeta jadis les chevaliers de toute l’Europe sur les routes de l’Orient, le rêve qui attira vers le sud tant d’empereurs du Saint Empire et tant de rois de France, le rêve qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc. Ce rêve qui ne fut pas tant un rêve de Conquête qu’un rêve de civilisation… » Nicolas Sarkozy à Toulon le 7 février 2007

Voila de quoi satisfaire les fantasmes des patriotes des quatre coins d’Europe aux idées confuses et un brin nostalgique du passé colonial de leur patrie. En effet, par le discours et dans les faits, on trace la carte d’une nouvelle destinée où les sensibilités souverainistes trouveront un nouvel et serein échouage par le jeu du simple gommage des frontières allant de paire avec le mouvement de concentration des capitaux à l’échelle européenne. Tout cela doit donner naissance à de nouveaux repères culturels mêlant intimement jérémiades du passé et idéaux de conquêtes du présent pour un nouveau tracé des frontières physiques qui a déjà commencé avant-hier avec le traité de Rome et qui se poursuit aujourd’hui à Vichy, ville symbole de l’histoire du fascisme et de la collaboration où des décisions conformes aux besoins des multinationales européennes en matière d’immigration ont été prise par les ministres chargés des politiques migratoires des pays d’Europe.

Si la bourgeoisie Européenne, pressée par les évènements, semble vouloir tirer la leçon de son histoire, encore toute récente, fumante de destruction et dégoulinant du sang prolétaire, il appartient aussi à la classe ouvrière mondiale d’agir à sa fraternisation et à son unité internationale par delà tout sentiment de chauvinisme. Il sera nécessaire d’organiser les ripostes à la hauteur des attaques en établissant des quartiers généraux de dimension supérieure aux regroupements existant des monopoles capitalistes. Contre toute nouvelle aventure de guerre, la révolution prolétarienne sera la juste réponse quand bien même les hostilités seraient menées sous les nouveaux étendards de prétendues nouvelles valeurs communes aux peuples européens.

Les ouvriers n’ont pas de patrie

Pour Avant-garde Jean-charles Louvrier.




Articles de la rubrique
  • La flamme qui met le feu à toute la réaction
    Les jeux olympiques se dérouleront cette année à Pékin, l’occasion pour toutes la représentation idéologique bourgeoise et petite bourgeoise « (...)
  • PKK, Turquie, Etats-Unis …
    Suivant les intérêts des puissances impérialistes dans le monde, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tel que reconnu par la bourgeoisie, a (...)
  • Mémoire Ouvrière.
    Voilà un peu plus d’un an, une amie palestinienne m’annonçait brutalement la mort, faute de soins médicaux, de mon ami ouvrier palestinien Ghassan. Il (...)
  • LIBAN, suite du n° précédent
    Dans notre dernier bulletin, nous avions promis de revenir sur les problèmes au Liban et de « conclure » sur la situation de ce pays en proie au (...)

0 | 10