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Célébrons l'entente politique internationale de notre classe

Célébrons l’entente politique internationale de notre classe

mercredi 23 mars 2011, par Avant Garde


Le 26 mars 1892 Friedrich Engels écrivait dans son adresse aux ouvriers français en l’honneur du 21e anniversaire de la Commune de Paris :

« Il y a vingt et un ans aujourd’hui, le peuple de Paris brandit le drapeau rouge et déclara la guerre à la fois au drapeau tricolore français flottant à Versailles et au drapeau tricolore allemand, hissé sur les forts occupés par les Prussiens.

Avec ce drapeau rouge, le prolétariat de Paris se dressait à une hauteur surplombant de loin les vainqueurs aussi bien que les vaincus.

Ce qui fait la grandeur historique de la Commune, c’est son caractère éminemment international, c’est le défi qu’elle lança hardiment à tout sentiment de chauvinisme bourgeois. Le prolétariat de tous les pays ne s’y est pas trompé. Que les bourgeois célèbrent leur 14 juillet ou 21 Septembre, la fête du prolétariat sera toujours le 18 Mars. »

En septembre 1866, voulant donner une dimension politique internationale aux luttes de la classe ouvrière pour la réduction du temps de travail, le congrès de la première Internationale ouvrière adoptait une résolution allant dans ce sens :

« Nous déclarons que la limitation de la journée de travail est la condition préalable sans laquelle tous les efforts en vue de l’émancipation doivent échouer . . . Nous proposons huit heures pour limite légale de la journée de travail. ».

Sur le plan de ses applications pratiques, ce n’est qu’en 1889 au cours de son premier congrès que la seconde Internationale décidera de passer à l’étape supérieure en adoptant cette résolution.

« Le Congrès décide d’organiser, à chaque année, une grande manifestation internationale, pour que dans tous les pays et dans toutes les villes du monde, ce jour-là, les masses laborieuses puissent revendiquer, aux autorités publiques, la réduction légale de la journée de travail à huit heures »

Suivant la Fédération américaine du travail qui avait décidé d’organiser ses manifestations le 1er mai, cette date fut retenue pour la manifestation internationale.

Aujourd’hui cette journée se déroule dans une atmosphère « de fête » dans les pays dominants et pour la plus grande masse dans la quasi indifférence de n’être « au mieux » que la fête du travail, au pire celle du retour du printemps. Mais, au travers des péripéties de l’histoire du mouvement ouvrier, avec le recul autorisé, on comprend qu’elle consacre surtout la victoire de l’opportunisme, du chauvinisme et de la collaboration de classes.

Dans la gestion des affaires politiques de la bourgeoisie, principalement dans les pays capitalistes développés, il y a une constante dans une certaine « répartition des compétences ». D’abord, la représentation politique des classes dites instruites, investissant le champ des confrontations politiques et se divisant en deux pôles de propositions de gestion(s) des intérêts de la bourgeoisie, « droite et gauche », conservateurs ou démocrates. A la suite, toute la représentation politique diversifiée de la petite bourgeoisie traditionnelle et moderne, plus ou moins radicalisée, qui trouve habit à ses prétentions en jouant à plein son rôle de mouche du coche. Puis, de l’autre bord, une représentation ouvrière se consacrant essentiellement à l’organisation des luttes économiques en menant combats pour la pitance. Avec cette nuance prés, qui ne change rien quant au fond, que beaucoup, parmi elle, s’investissaient au sein des organisations politiques de la gauche servant de passerelle à l’implantation de l’idéologie réformiste dans les rangs de notre classe.

Cette distribution des rôles, fructifiant sur la mise en valeur des sentiments chauvins, a permis des décennies durant que se façonnent des relations capital travail se déroulant dans une paix sociale relative et propice au développement économique des pays capitalistes avancés en les transformant en de grandes puissances impérialistes aujourd’hui affairées à une plus grande division internationale du travail. D’un coté, il y a les populations qui produisent et de l’autre les minorités des classes aisées qui en tirent profit [1]. Les frontières géographiques dites « naturelles » des grandes puissances ne servent guère plus qu’au contrôle des flux migratoires et à contenir territorialement les misères engendrées dans les pays soumis à domination.

Dans l’actualité politique internationale du moment, c’est ce phénomène qui continue de s’observer. En Tunisie, en Égypte, en Libye etc. Dans des contextes économiques et politiques différents, c’est sur fond d’interventions ouvertes ou masquées des grandes puissances (dont la France) que se mène actuellement une lutte de pouvoir entre les classes nanties, aristocratie financière des familles et des clans, la bourgeoisie des entrepreneurs et la petite bourgeoisie de formation « récente » tombée sous le charme des modèles de démocratie à l’occidentale.

Les fractions ouvrières et les populations les plus pauvres n’apportent en arrière plan que leur caution sociale aux soulèvements sur le terrain de luttes strictement économiques mais radicales comme le sont les grandes grèves ouvrière d’Egypte ou de Tunisie. Ce qui est certain et les luttes anciennes pour l’accession à l’indépendance des colonies sont là pour nous éclairer, c’est que ces soulèvements ne peuvent effrayer la bourgeoisie internationale des grandes puissances. Ce que l’on a voulu appeler bien vite des « révolutions » produisent d’ailleurs déjà leurs premiers désenchantements dans la masse des plus pauvres qui a repris les chemins de l’exil économique, de la grève [2] ou pire de la résignation à accepter de nouvelles directions patronales fraichement introduites.

La seule vraie inquiétude de la bourgeoisie reste comment tirer meilleurs profits du redécoupage des zones d’influences qui s’opère. Les désaccords sur les méthodes d’interventions dans ces soulèvements, le choix des oppositions à soutenir, relèvent de leur rivalité pour le dépeçage organisé de ces pays. Les polémiques tragi-comiques, ayant entraîné la démission d’un ministre et les déconvenues de la diplomatie française du moment, en illustrent bien les angoisses.

Ces soulèvements populaires se sont développés sur les aspirations de certaines fractions de la petite bourgeoisie progressiste. Aussi, c’est en osmose avec ces aspirations que cela a été salué par leur pendant des pays capitalistes impérialistes de tout horizon politique, de la droite « démocrate » à l’extrême gauche, cherchant à se maintenir politiquement et économiquement en tant que classe distincte. Comme en France, rassurée de l’absence de véritable Parti ouvrier capable de prendre la direction d’une lutte révolutionnaire émancipatrice, elles sont confortées dans leurs postures par la neutralisation politique de la classe ouvrière retranchée à la queue des révoltes, avec comme principale exigence la prise en compte des revendications pour plus de justice sociale.

Une fois de plus, « dans une histoire qui a tendance à se répéter » la classe ouvrière de ces pays en soulèvements va faire les frais de sa dépendance politique aux classes sociales sorties vainqueurs de la confrontation.

Les événements au Maghreb, au Moyen Orient, obligent nécessairement, pour avancer dans la défense de nos intérêts de classe à courts, moyens et longs termes, à une unité de vue de toutes les fractions de la classe ouvrière internationale plus ou moins impliquées. Aussi ce n’est que débarrassées de tous sentiments de chauvinisme national d’appartenance à une grande puissance que peuvent s’établir les relations dans la confiance entre toutes.

La classe ouvrière de France, ses éléments les plus avancés, doit soutenir sans réserve les combats des prolétaires de l’ensemble des pays en soulèvements, condamner toutes ingérences « pacifiques » ou militaires du capitalisme impérialiste français et des autres grandes puissances dans les affaires intérieures de ces pays. Soutenir tous les efforts entrepris par les avant-gardes ouvrières pour leur émancipation politique, préludes nécessaires aux révolutions prolétariennes à venir.

► Parce que nous vivons l’époque, favorable au développement de sentiments chauvins, produits de la domination sans partage des grandes puissances impérialistes rivalisant de fourberies, faisant peser pour la résolution de leurs crises économiques répétitives le danger d’une nouvelle guerre mondiale

► Parce qu’il est plus que temps, pour les éléments politiquement avancés des fractions nationales de la classe ouvrière internationale, de retrouver le chemin de leur indépendance politique en fondant d’authentiques Partis de la révolution prolétarienne.

Cette année encore, le 18 mars est passé inaperçu pour toutes les organisations qui se réclament du mouvement ouvrier. Alors dorénavant, faisons, en la célébrant, des journée à venir du 18 mars le moment où en point d’orgue s’organise de diverses manières l’expression des sentiments de fraternité internationale des prolétaires.

Prolétaires de tous les pays unissez-vous…


1 Voir notre Manifeste programme : chapitre (Dimension internationale de la classe ouvrière). 2 Nombre de ces conflits ont débuté ces derniers jours. Par exemple, les ouvriers et ouvrières de l’entreprise publique Misr Filature et Tissage – la plus grande usine d’Egypte avec 24 000 employés – ont ainsi repris leur mouvement pour réclamer une hausse de salaires, de meilleures conditions de travail et le départ de deux directeurs.




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